Lambeaux
Lambeaux désignent de petits morceaux déchirés ou restes d’un tout, qu’il s’agisse de tissus, de papiers ou même de souvenirs et idées fragmentées. Ils évoquent la fragilité, la détérioration ou la mémoire morcelée de quelque chose qui fut entier. Mais pour moi, c’est autre chose.
Chaque semaine, je passe deux bonnes heures à ranger tout ce que j’ai pu sortir de mon atelier.
Je me pose souvent des questions, dont la plus courante est :
« Pourquoi j’ai sorti ça, déjà ? »
Comme les #lambeaux de mes petites vies créatives qui subsistent.
J’aime bien l’idée que ma salle se transforme.
Elle mute au fil des jours :
Atelier d’encadrement
Repaire de dessinateur
Station de pliage
Entrepôt de peinture
Laboratoire de recherches
Antre de développeur informatique
…
Chaque transformation implique du rangement, bien entendu.
Sauf que je ne trouve pas toujours le temps, et je prends souvent des raccourcis.
J’empile, je case, je pose, je pousse, je trouve de la place.
Cela se manifeste par la présence d’objets qui ne vont pas ensemble.
J’accumule, et je fais le bilan en fin de semaine.
Ça provoque des rencontres qui ne devraient pas exister :
un pot d’encre à côté d’une tasse de café,
un écran d’ordinateur et des tubes de peinture à moitié fermés,
mon iPad sous un gros livre trop lourd pour lui.
Tous ces #lambeaux d’idées laissent des traces de mon travail un peu partout.
Pour trouver des idées, il faut parfois lâcher prise.
Quand je range ma salle, je range mon atelier, ma tête, et je reprends — le temps d’une journée — une respiration.
Parfois, je rêve de pouvoir profiter de plus de place pour travailler dans un vrai atelier, avec de l’espace dédié.
Mais en vérité, je pense que je passerais une bonne semaine par mois à tout ranger, dans ces cas-là.
À quoi ressemble votre ordinateur, votre atelier, votre bureau après une longue session de recherche intensive ?

